Thursday, May 31, 2007

E. Perrot, Sept Chants de Taut, V


V
Cantique de l'Immortel

Comment te chanterais-je, ô sainte Liberté ?
Tous les mots pour te dire abandonnent ma plume:
Ta gloire est infinie, entière ta clarté,
Nuit vaste, jour béni, Saison sans amertume.

Je ne sais d'où je viens, où je vais ne m'importe:
Au plus léger des vents je cède sans efforts,
Qu'à la cime du monde il m'invite et m'emporte,
Qu'il m'aspire en l'abîme où sommeillent les morts.

Trépas, je t'ai franchi.Sans borne est mon domaine.
J'ouvre et ferme en riant les demeures du ciel.
Triomphant moissonneur de cette haute plaine
J'engrange le blé d'astre au goût divin de miel.

Mère qui me portas, sein tiède, face obscure,
Val humide et profond où je dormis longtemps,
Le voici donc ton maître et ton époux, Nature,
Ce ver informe et vil, dernier de tes enfants.

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