Wednesday, May 30, 2007

E. Perrot, Sept Chants de Taut, II



II
Saturnia Regna
in finem.Pro iis qui commutabuntur.
( Ps. XLIV, 1 )

O furieux amant, desserre ton étreinte:
Je suffoque, noyé dans le nuage d'or.
Aurais-je trop osé quand j'écartai la crainte
Pour consentir à toi, hâtant l'heure de mort.

Ta présence m'accable et disloque mon être
Comme la mer s'engouffre au coeur d'un vieux voilier.
J'appelais ce naufrage, et maintenant, ô maître,
Le feu noir de l'effroi ronge ce corps lié.

Les noces du soleil et de l'auguste Terre,
Le jeu divin, les hymnes du jour, les couleurs,
Tout a cessé d'un coup. Le temps n'est plus: j'adhère
A l'abîme, pays nouveau, maison des pleurs.

Le froid, le plomb, la puanteur sont mon partage.
Je vais tel un cadavre au milieu des vivants.
Leur parole ne m'atteint plus dans cette cage
Qui dérobe à mes bras ses murs tissés de vents.

Est-ce donc là le rendez-vous que tu désignes
Lorsque dès le matin tu presses de partir ?
Le cellier bienheureux, l'enclos pourpre des vignes
Figuraient cette tombe où je vins m'engloutir.

Suprême dérision: ce chercheur de merveille
Dans la boue enlisé grogne comme un pourceau.
Son front lourd de stupeur ne sait rien qui l'éveille:
Pierre muette, il gît, hébété, sous le flot.

- Il lui faut s'impregner du fiel de cette eau grasse,
Etreignant son destin, qu'il s'occupe à pourrir!
Qu'il s'accoutume à n'être plus qu'informe masse
Et laisse tout espoir de voir l'enfer s'ouvrir !

1 comment:

c braz said...

quando um pássaro cai
uma asa se torna terra —
da terra brota nova asa

ele está plantado na terra
é uma erupção do barro

vento que sonha que sonha
que está sendo sonhado —
pensamento da terra, do barro