Thursday, May 31, 2007

E. Perrot, L'Invocation




Dante, le jonc sacré que te montre Virgile
Et qui t'ouvrit les portes du soleil,
Daigne en ceindre aujourd'hui ce beau vase d'argile,
Vide mais pur au sortir du sommeil.

Le silence du gouffre a chatié ma langue,
Les mots anciens ont perdu leur éclat.
Brûlés, devenus plomb, j'ai tiré de leur gangue
Des flèches d'or qui ne se perdent pas.

Maître archer, comme moi pèlerin des trois mondes,
Guide mon bras, rends audacieux mon front.
Que l'enfer et le ciel, que ce siècle répondent
Lorsque ma voix a dit leur juste nom.

Poète, tu le sais: la demeure de l'homme
Est un réseau tissé d'or par l'Esprit.
Prends avec moi pitié de ces rois sans royaume:
Dans leur désert, qu'ils entendent mon cri.

Nous bâtirons alors sur les ruines antiques
Une cité, miroir de l'ordre vrai
Où l'ombre et le soleil jouant sous les portiques
Offrent aux coeurs l'image de la paix.

E. Perrot, Sept Chants de Taut, VII


VII
L'Insaisissable

Qui cernera les bornes de cette âme ?
Qui saura de ses mains emprisonner le vent ?
Qui pourra contenir le cours de cette flamme
Et te dicter sa règle, universel Aimant ?

Suivant le bon plaisir de ta jeune Sagesse,
Tu plonges, tu jaillis, clarté tu te fais nuit,
Tu places des fruits lourds aux branches d'allégresse
Ou laisses l'arbre vide en un désert d'ennui.

Mais cessons d'invoquer, car il n'est que présence:
Dans ma secrète main j'ai pris le glaive d'or.
J'ai déchiré le voile et brisé le silence:
Tout bouge, tout vrombit; le dedans est dehors.

Où donc est cet amant ? Où donc est l'âme en quête?
Dissous dans l'air ténu! poudre de diamant!
Le mur qui les créait en suspendant la fête
A croulé, vermoulu: voici l'embrasement!

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E. Perrot, Sept Chants de Taut, VI



VI
Cantique des Aigles

Des quatre vents de l'univers,
De vos retraites ignorées,
Rouges aigles, accourez vers
Ces carcasses humiliées.

Engouffrez-vous de toutes parts,
La place est béante et déserte:
J'ai découronné ses remparts,
Mes mains ont fabriqué sa perte.

L'oeil mortel ne pourra le croire:
Vous étiez là depuis toujours,
Fondus en un soleil de gloire,
Sphère vibrante et sans contours.

Vide fécond, Terre affermie,
Réseau d'or animant le Tout,
Infime point, rose, cadmie,
Merveille vive au coeur du fou !

E. Perrot, Sept Chants de Taut, V


V
Cantique de l'Immortel

Comment te chanterais-je, ô sainte Liberté ?
Tous les mots pour te dire abandonnent ma plume:
Ta gloire est infinie, entière ta clarté,
Nuit vaste, jour béni, Saison sans amertume.

Je ne sais d'où je viens, où je vais ne m'importe:
Au plus léger des vents je cède sans efforts,
Qu'à la cime du monde il m'invite et m'emporte,
Qu'il m'aspire en l'abîme où sommeillent les morts.

Trépas, je t'ai franchi.Sans borne est mon domaine.
J'ouvre et ferme en riant les demeures du ciel.
Triomphant moissonneur de cette haute plaine
J'engrange le blé d'astre au goût divin de miel.

Mère qui me portas, sein tiède, face obscure,
Val humide et profond où je dormis longtemps,
Le voici donc ton maître et ton époux, Nature,
Ce ver informe et vil, dernier de tes enfants.

Wednesday, May 30, 2007

E. Perrot, Sept Chants de Taut, IV



IV
Cantique des Semailles

Esprit du monde, artisan de beauté,
Anime cette voix qui te célèbre:
Ta gloire emplit mon coeur: viens en jeter
Les graines d'or dans l'épaisse ténèbre.

Le temple pur ouvrage de tes mains,
L'arche parfaite aux vivantes colonnes
S'offusque, en proie aux injures de nains
Qui pour leur front ravirent ses couronnes.

Ecrin de choix rempli de tes trésors
L'homme, ton fils bien-aimé, ton vicaire
Verse un oubli le plus noble des sorts:
Nul chant de source en cette morne terre.

Fais refleurir les sables du désert!
Peuple de tours les villes dévastées !
Et que ruisselle, aux demeures de l'air,
L'hymne éternel des gorges visitées!

E. Perrot, Sept Chants de Taut, III



III
Hymne au Monde
Danti

O sphère dont je suis le coeur
Seul Fils à l'image du Père,
Vivant parfait, durable fleur,
Couronne heureuse de lumière,

La ronde où t'entraîne l'Amour
Ne connaîtra jamais de cesse,
Montrant et voilant tour à tour
Les présents de l'auguste Liesse.

La nuit m'a livré tes secrets:
En elle j'ai saisi les pôles.
Cloué sur l'axe dur, je sais
Répondre au chant de tes corolles

Et lire le poème écrit
Dans le volume que déroule
Pour le seul oeil du coeur guéri
L'Année en sa paisible houle.

Sourires du ciel mon foyer,
Cités proches et fraternelles,
Astres, ici vont se noyer
Et luire en retour vos prunelles.

O monde, rien n'est hors de moi:
Amas de biens, je te résume!
L'ayant vu, je cède à la Loi
Et tourne, étoile qui s'allume.

E. Perrot, Sept Chants de Taut, II



II
Saturnia Regna
in finem.Pro iis qui commutabuntur.
( Ps. XLIV, 1 )

O furieux amant, desserre ton étreinte:
Je suffoque, noyé dans le nuage d'or.
Aurais-je trop osé quand j'écartai la crainte
Pour consentir à toi, hâtant l'heure de mort.

Ta présence m'accable et disloque mon être
Comme la mer s'engouffre au coeur d'un vieux voilier.
J'appelais ce naufrage, et maintenant, ô maître,
Le feu noir de l'effroi ronge ce corps lié.

Les noces du soleil et de l'auguste Terre,
Le jeu divin, les hymnes du jour, les couleurs,
Tout a cessé d'un coup. Le temps n'est plus: j'adhère
A l'abîme, pays nouveau, maison des pleurs.

Le froid, le plomb, la puanteur sont mon partage.
Je vais tel un cadavre au milieu des vivants.
Leur parole ne m'atteint plus dans cette cage
Qui dérobe à mes bras ses murs tissés de vents.

Est-ce donc là le rendez-vous que tu désignes
Lorsque dès le matin tu presses de partir ?
Le cellier bienheureux, l'enclos pourpre des vignes
Figuraient cette tombe où je vins m'engloutir.

Suprême dérision: ce chercheur de merveille
Dans la boue enlisé grogne comme un pourceau.
Son front lourd de stupeur ne sait rien qui l'éveille:
Pierre muette, il gît, hébété, sous le flot.

- Il lui faut s'impregner du fiel de cette eau grasse,
Etreignant son destin, qu'il s'occupe à pourrir!
Qu'il s'accoutume à n'être plus qu'informe masse
Et laisse tout espoir de voir l'enfer s'ouvrir !

E. Perrot, Sept Chants de Taut, I



I
Liminaire Pour Epiménide

Epiménide de Gnose, étant sorti dans les champs,
entra, dit-on, dans une grotte et s'y endormit.
Le sommeil ne le quitta pas avant quarante ans.
Après quoi il écrivit des poèmes et purifia des villes,
au nombre desquelles Athènes.
( Pausanias: Descriptio Graeciae, I, XIV )

Lumière de l'automne, or souriant du soir
Où la branche en jouant répand sur moi des signes,
Tu m'annonces la paix et, douce, me désignes
Des jardins baignés d'eaux, mon nouveau reposoir.

J'ai durement peiné pour gagner ce royaume:
De mille vieilles peaux j'ai marqué les chemins.
Mais le grand vent des dieux brassa ces parchemins,
Nu comme les héros, sans traces, je suis l'homme.

O Terre des parfums et des fruits, Terre acquise
Par mes pleurs et mon sang, dis, que veux-tu de moi ?
Libre de tout devoir, recevrai-je ta Loi
Pour la porter en cet enfer où tout se brise ?

Le goût du paradis m'a quitté dans la mort,
Pierre durcie au feu j'ignore le plaisir.
D'une frêle herbe en moi tu fis un glaive fort:
Il est prêt pour ta main, si tu veux le saisir.

E. Perrot, Sept Chants de Taut, Prelude



Da autoria de Étienne Perrot, cuja obra foi pioneira nos estudos de divulgação da alquimia da alma, transcrevo estes poemas que ele escreveu na década de sessenta já a caminho do que seria o seu futuro de grande estudioso e divulgador destas matérias. Pela sua mão li eu, como tantos outros frequentadores do seu seminário de psicologia junguiana, a Atalanta Fugiens, Atalante Fugitive, de Michael Maier, de que ele tinha feito a tradução francesa para uma edição bilingue (agora de novo reeditada).

Prelude Virgilien

Grande Mère des fruits, grande Mère des hommes,
Je te salue, ô Terre de Saturne : j'ose
Entrer pour ton amour dans l'antique domaine
De gloire et libérer les sources d'eaux vivantes.
Dans des cités de fer je chante un chant d'étoiles.

Thursday, May 03, 2007

Arte da Paciencia



A alquimia é a arte da paciência.
Segundo Fulcanelli, esta representação que podemos ver na catedral de Notre-Dame de Paris contém a lição dos alquimistas sob forma de alegoria:
a cabeça da figura toca as nuvens
está sentada num trono
na mão esquerda segura o ceptro do poder
na mão direita um livro fechado e outro aberto
(o conhecimento esotérico e o exotérico)
a escada é a imagem mesma da paciência
(indispensável a quem deseje progredir no caminho)